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Glossaire thématique

      Ce glossaire ne reprend pas toutes les notions présentées au cours du texte mais seulement quelques unes organisées par thèmes, ceux qui nous ont paru les plus spécifiques de la vie du monde rural du Ségala à l’époque moderne.

          Monnaie et poids et mesures, deux éléments importants de la vie quotidienne présentés en encadrés en début d’ouvrage, ne sont pas repris.

Un monde occitan

         Entre Viaur et Candour, tout le monde parle et pense en occitan. Le français  est la langue de l’écrit employée pour la rédaction de tous les documents et actes officiels (sauf le compoix  de Jouqueviel écrit en occitan), que ce soit par le curé (registres paroissiaux,  le notaire et ses aides les praticiens (actes divers) ou bien encore le juge. Tous ces notables sont obligés de passer par l’occitan, avant la transcription, sinon ils ne seraient pas compris par leurs interlocuteurs qui ne maîtrisent pas le français sauf l’étroite minorité des alphabétisés.

           Il est à noter que dans nos sources, certains termes occitans, notamment tout ce qui concerne le monde agricole, en particulier les outils de travail ou les noms de champs (castanhal, canabal, nogarède …) ou encore les objets de la vie quotidienne, ne sont pas traduits en français (méconnaissance du notaire ou du juge des équivalents ?). En voici « un festival » :  aissade, bigos/bigoussous, biroune, juilles  (Julhas), méjane, taradouyre …

 

Un monde religieux

           Un habitant d’entre Viaur et Candour naît, se marie, et meurt dans sa paroisse,  elle-même rattachée à un district dirigé par un curé doyen » et surtout à un diocèse (page 14) en l’occurrence celui d’Albi. L’état civil est tenu par les prêtres qui gèrent naissances, mariages et décès. L’Eglise prélève sur les paroissiens la dîme.

            Toute la population suit les obligations d’une vie de bon chrétien (messe dominicale, carême, communion pascale ….) et le temps de la vie quotidienne est réglé par un calendrier agroliturgique .

 

Un monde bien rude

             Inutile d’insister sur le fait que la vie quotidienne de l’homme à l’époque moderne est souvent inconfortable (travaux pénibles, absence de protection contre les intempéries, nourriture monotone et souvent en quantité limitée …surtout vers la période de la « soudure », ) mais ce n’est rien à l’aune des risques de mort. D’abord à la naissance : un enfant sur trois n’atteint pas ses 20 ans en temps ordinaires et lorsqu’il y a des crises démographiques (page 100) et elles sont nombreuses … c’est un enfant sur deux voire plus qui meurt brutalement. Face à cette mortalité infantile, l’on pratique l’ondoiement .

          Arrivés à l’âge adulte l’un des parents est souvent décédé et beaucoup d’enfants ne connaissent pas leurs grands-parents vivants. Aux premiers signes d’une maladie l’on fait rédiger son testament  pour transmettre ses biens.

           La vie des femmes est encore plus dure : une mère sur quatre meurt en couches, de nombreuses veuves vivent dans la pauvreté et les mères célibataires sont dans une condition peu enviable.

 
Un espace de marcheurs

            L’homme de l’époque moderne est sans aucun doute un solide marcheur mais la lenteur des moyens de transports et le mauvais état des chemins limitent l’aire de déplacement de la population à un cercle d’une trentaine de kilomètres de rayon. C’est dans cet espace que l’on se marie : endogamie géographique  à laquelle se conjugue une homogamie professionnelle marquée.

              Cela n’empêche pas  d’éventuels périples plus importants comme par exemple foires spécialisées (mulets) « lointaines », grands travaux de vendange vers le Languedoc ..., ils sont simplement plus longs …

 

Un territoire au complexe découpage administratif

              En ce qui concerne l’administration civile tout habitant appartient à une communauté où il paie ses impôts, notamment la taille mais aussi la capitation et quelques menus autres. Les impôts sont recouverts par des receveurs élus au sein de la population sous la responsabilité des consuls  à partir des sommes votées par l’Assemblée des Etats au niveau de la Province. Celle du Languedoc est composée de trois sénéchaussées  : Toulouse à laquelle appartient notre région, Carcassonne (Albi en dépend) et Nîmes.

          Quand il doit s’adresser à la justice, notre habitant dépend de celle du seigneur local, c'est-à-dire de la baronnie de Jouqueviel ou de la viguerie  de La Gardeviaur (évêque d’Albi). Il peut ensuite faire appel aux juridictions supérieures (royales) : prévôté  d’Albi, sénéchaussée de Toulouse ou bien, en dernier ressort, au Parlement de Toulouse sauf pour tout ce qui relève des Finances et de l’Administration, réglé par la cour des Aides siégeant à Montpellier.

 

Parole donnée mais contrats écrits

            Comme l’écrit n’est pas maîtrisé on passe souvent des accords verbaux fondés sur la confiance mutuelle. Mais pour toute affaire un peu sérieuse il faut bien une trace écrite et donc il faut en passer par l’indispensable notaire, à l’office très fréquenté. On y rédige les pactes de mariages avec la dot et les testaments avec la dévolution des biens, deux actes généralisés quel que soit le statut social. Dans un monde d’endettés, mais sans banques, la pratique du paiement à tempérament et de l’emprunt multiplie les contrats de rente  bien sûr déposés chez le notaire. Pour une partie des paysans le notaire consigne bail de fermage ou de métayage  ou encore bail à cabal. En cas de plainte il représente souvent ses clients en justice en leur fournissant les pièces justificatives. Toute cette activité contribue à l’existence d’une petite classe de « robins ruraux » .

 
Des paysans, un seigneur

           Tous les habitants relèvent de la justice seigneuriale (noble ou Eglise) et tous les paysans dépendant de la propriété « éminente » d’un seigneur (noble pour la plupart mais aussi ecclésiastique). Les tenanciers, tout en étant propriétaires (vente et transmission aux héritiers) de leurs terres en payant le cens et divers droits comme les banalités ou l’acapte reconnaissent la cession faite par le seigneur. Les métayers  partagent avec le propriétaire la moitié des récoltes et les fermiers  paient un bail fixe en argent et/ou nature.

 Thierry COUËT , "Entre Viaur et Candour  1600-1789"

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