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Dettes croisées

Minutes de maître Albar, notaire à Canezac, 1699, Folio 77

      « L’an mil six cent nonante neuf et le dernier jour  du mois de decembre apres midi a Canezac en albigeois, regnant Louis roy de France et de navarre, devant moy notaire et tesmoins constitués, en personne Pierre d’Alet laboureur du village de la Bourdarié paroisse de Canezac qui degré a declaré que nonobstant que par l’acte de cession a lui consenti par Pierre Vedel tailleur d’habit dudit Canezac  icy present et acceptant de la quantité de trois sestiers segle a prendre sur Antoine Lafage et Cecille Martin de Montirat devant moy notaire le 27 ieme du present mois, il soit dit que ledit Vedel devoir audit d’Alet la somme de trente livres, néantmoins la vérité est que ledit Vedel n’est nullement debiteur envers luy au contraire qu’il doit audit Vedel la somme de cinquante deux livres dix sols procedant scavoir, celle de vint trois livres de vente de bled,  vint quatre livres de vente de brebis et cinq livres dix sols d’argent presté,  à laquelle somme de cinquante deux livres dix sols joint celle de dix huit livres par laquelle ladite cession desdits trois sestiers de seigle a été faite audit d’Alet revient a celle de septante livres dix sols que ledit d’Alet sera tenu payer audit Vedel, scavoir douze livres a la feste de St Blaise prochaine et et le reste [rayé] dit livres a la  St Magne  aussi prochaine et le reste ans un an apres,  et d’autant que ladite cession n’a esté faite audit d’Alet que pour lui faire plaisir et afin qu’il peut compenser ce qui donnera  estre deu de reste desdits trois sestiers segle avec ce que lesdits Lafage et Martin pretendent que ledit d’Alet leur doit et moyenant la somme de dix huit livres comme directement  il a este convenu entre eux que sous pretexte que ledit Vedel a reçu neuf livres en deduction dudit bled a lui payés par Feniès de la  Poujoulié de l’ordre desdit Mariès que ledit d’Alet se fera payer du restant dudit bled et qu’en cas lesdits Mariès ne se trouveraient pas débiteurs  de ladite somme de dix huit livres pour le restant des trois sestiers segle ledit Vedel sera tenu luy faire valoir ladite somme de dix huit livres et les despens supposés que lesdits mariès en ont fait (?) en outre ledit d’Alet déclare tenir à cabal dudit Vedel une paire bœufs âgés denviron sept ans poil rouge et maruel ledit d’Alet avait dit avoir receux pour le prix et cabal de cinquante trois livres lesquels il promet bien nourrir et entretenir ne les vendre sans express consentement dudit Vedel ??? et partager le profit et perte qu’en proviendra quand en sera requis a quoi dessus observer aura obligé ses biens chacun comme les concerne presents Antoine Martin dudit Canezac et Pierre Lobinhes marchand de Villefranche soussignés »  

           

            Pierre Dalet est recensé comme travailleur à Laborie dans le registre de la capitation et non pas comme laboureur. Pierre Vedel est absent du registre mais à Canezac Vedel Barthélémy paysant vit avec deux frères, peut-être s’agit-il de l’un d’entre eux.

            Ce texte illustre la possible complexité de l'endettement paysan.

dettes

Bail de forge

 Minutes de maître Albar, notaire à Canezac, 1699, Folio 34

        "L’an mil six cent nonante neuf et le second jour du mois de mi après midi à Montirat en albigeois régnant Louis de France et de Navarre devant moi notaire et tesmoins bas nommés a esté en personne Guillaume Lagrifoul forgeron du village del Cros paroisse de Lagarde lequel degré a déclaré tenir aloüage à titre d’afferme une boutique de forge de monsieur Salvi Durand marchand de la Pradelle pris et acceptant consistant ladite boutique en deux bufets sur [?] une enclume et deux maits un destrier ou marteau unes tenailles [?] une petite [caisse ?] pour les dits petits outils avec leur manche vingt huit livres plus un estoq lequel loüage de ladite boutique fait ledit Duran au dit Lagrifoul pour cinq années qui ont commencé le jour de St Julien dernier et finiront à pareil jour Moienain la somme de six livres dix chaque année (…)"

          Salvi Durand, absent du registre de la capitation de 1696 est un marchand qui vend et achète aux paysans locaux (céréales, foin, vin … ) mais fait aussi fonction de banquier en leur prêtant régulièrement ou en leur faisant payer leurs achats à tempérament.Ici, c'est une autre facette de ses capacités financières : la location d'une de ses propriétés immobilières. Il possède aussi, cela va de soi, des biens fonciers.

           Dans le registre de la capitation, Guillaume Lagrifoul est capité pour 10 sols. C’est le moins imposé des neuf forgerons recensés dont l’impôt moyen est de deux livres. L’intérêt de ce bail est qu’il montre qu’un forgeron n’est pas obligatoirement propriétaire de ses outils de travail et peut être pauvre. Guillaume Lagrifoul n’est  pas le seul à être dans ce cas puisqu’à Bournhounac (Bourgnounac actuel) on recense un « forgeron mendiant ». Les sept autres, en revanche, sont des contribuables plus aisés que la moyenne des habitants.

 Thierry COUËT , "Entre Viaur et Candour  1600-1789"

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